3/11/11

Las que pasan, por Antoine Pol





Quiero dedicar este poema
A todas las mujeres que amamos
Durante algunos instantes secretos,
A esas que conocemos apenas,
A las que arrastra un destino distinto,
Y que jamás volvemos a encontrar.

A ella que vemos aparecer
Un segundo en su ventana
Quien, prestamente, se desvanece
Pero cuya esbelta silueta
Es tan graciosa y delicada
Que nos deja maravillados.

A la compañera de viaje
Cuyos ojos, encantador paisaje,
Hacen parecer corto el camino.
Que somos los únicos en comprenderla
Y sin embargo dejamos bajar
Sin haber rozado su mano.

A las que ya están comprometidas,
Y que, viviendo horas grises,
Cerca de un ser demasiado diferente,
Nos han dejado, inútil locura,
Ver la melancolía
De un futuro desesperante.

Queridas imágenes vistas,
Esperanzas frustradas de un día,
Mañana estaréis en el olvido.
Con solo un poco de felicidad que tengamos
Es raro que nos acordemos
De los episodios del camino.

Pero si hemos fracasado en la vida,
Pensamos con un poco de ganas
En todas esas felicidades entrevistas,
En los besos que no osamos tomar,
En los corazones que debían esperarnos,
En los ojos que no hemos vuelto a ver.

A esas tímidas enamoradas
Que permanecerán silenciosas
Y llevarán siempre su duelo
A esas que se han ido
Lejos de uno, tristes, solitarias
Víctimas de un orgullo estúpido.

Queridas imágenes apercibidas
Esperanzas de un día desengañadas
Estaréis en el olvido mañana
Por pena a que la felicidad llegue
Es raro que recordemos
Los episodios del camino.

Entonces, en las noches de hastío,
Poblando nuestra soledad
Con los fantasmas del recuerdo,
Lloramos los labios ausentes
De todas las bellas pasantes
Que no supimos retener.


Traducción: Raimundo Melun




Les Passantes

Je veux dédier ce poème / A toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets / A celles qu'on connait à peine / Qu'un destin différent entraîne / Et qu'on ne retrouve jamais // A celle qu'on voit apparaître / Une seconde à sa fenêtre / Et qui, preste, s'évanouit / Mais dont la svelte silhouette / Est si gracieuse et fluette / Qu'on en demeure épanoui // A la compagne de voyage / Dont les yeux, charmant paysage / Font paraître court le chemin / Qu'on est seul, peut-être, à comprendre / Et qu'on laisse pourtant descendre / Sans avoir effleuré sa main // A celles qui sont déjà prises / Et qui, vivant des heures grises / Près d'un être trop différent / Vous ont, inutile folie, / Laissé voir la mélancolie / D'un avenir désespérant // Chères images aperçues / Espérances d'un jour déçues / Vous serez dans l'oubli demain / Pour peu que le bonheur survienne / Il est rare qu'on se souvienne / Des épisodes du chemin // Mais si l'on a manqué sa vie / On songe avec un peu d'envie / A tous ces bonheurs entrevus / Aux baisers qu'on n'osa pas prendre / Aux cœurs qui doivent vous attendre / Aux yeux qu'on n'a jamais revus // A ces timides amoureuses / Qui restèrent silencieuses / Et portent encor votre deuil / A celles qui s'en sont allées / Loin de vous, tristes esseulées / Victimes d'un stupide orgueil // Chères images aperçues / Espérances d'un jour déçues / Vous serez dans l'oubli demain / Pour peu que le bonheur survienne / Il est rare qu'on se souvienne / Des épisodes du chemin // Alors, aux soirs de lassitude / Tout en peuplant sa solitude / Des fantômes du souvenir / On pleure les lêvres absentes / De toutes ces belles passantes / Que l'on n'a pas su retenir







Brassens cantando el poema de Antoine Pol